Comprendre les révoltes Arabes ?

Publié le par Mélissa

Dans cette actualité, où les révoltes arabes occupent le champs médiatique, la mort de khadafi, les élections en Tunisie il peut être utile de revenir un instant sur ces révoltes qui ont sécoué une partie du monde arabe. 

Pour cela, voici un résumé de la conférence de Tariq Ramadan, professeur d'islamologie à Oxford qu'il a tenu au Canada ; Enseignement du Printemps arabe. 

Puis un résumé de l'essai "l'étincelle" de Tahar Ben Jelloun écrivain franco-marocain récompensé du Prix nobel de la paix Erich Maraia Remarque en juin 2011.

 

Capture-d-ecran-2011-10-28-a-22.20.36.png  Il débute son propos par la nécessité d'une lecture triple sur les "soulèvements" arabes comme il les nomme. En effet, pour comprendre ces révoltes il serait naif d'avoir une simple lecture démocratique de ces dernières, une lecture géostratégique et économique est nécessaire. Ces régimes dictatoriaux ont été soutenu pendant des décennies par plusieurs pays européens et américains. Aujourd'hui ils soutiennent tous ces révoltes et la chute de ces dirigeants ! La seule explication possible est bien entendu lié au facteur économique, ces pays détiennent une immense richesse que les pays occidentaux ne peuvent passer outre. 

Il développe ensuite son propos sur la préparation qu'ont nécessité ces révoltes. Dire que ces soulèvements ont été seulement spontanés et improvisés relève de la pure naiveté en son sens. Depuis les protestestations de 2004 puis 2006 en Egypte, des Egyptiens ont reçu des formations de non violence aux Etats-Unis ou dans le Caucase. Des cyberdissidents ont été formés au Freedom Institute, et depuis 2008 des créations de réseaux spécifiques au Moyen-Orient ont été recensés en Europe de l'est. Même Georges W Bush avant la guerre en Irak avait annoncé un grand mouvement de démocratie dans le Monde Arabe. Néanmoins, il est conscient et affirme qu'il reste de l'impondérable dans ces mouvements. 

Conspiration totale ? Action prémédité ? A ce niveau là, Tariq Ramadan ne se décrit absolument pas comme étant conspirationiste au contraire, il énonce des faits, et cherche le lien de causalité. Pour lui, les relations de soutien aux dictatures arabes par les pays ocidentaux touchaient à sa fin il fallait préparer une alternative. La lecture politque de ces révoltes par les pays anciennement amis de ces dirigeants totalitaires qui aujourd'hui accompagnent leur chute est totalement contradictoire.

Il dénonce un colonialisme idéologique concernant ces pays en construction démocratique. Une polarisation de la vie politique de ces pays arabes est certaine, soit le pays sera laique soit le pays sera islamiste en quelque sorte les termes du débat sont imposé par l'occident. Au détriment des questions de fond sur le débat politique intérieur et de la créativité de ces peuples. 

Enfin il termine par l'hypocrisie de ce vent démocratique dans le monde arabe, car géostratégiquement certaines dictatures doivent rester en place, tel est le cas de la Syrie; ennemi idéal d'israël et du Bahrein; pétromonarchie. Et pour finir il estime qu'un printemps arabe ne sera réellement honorable dès lors que la Palestine sera reconnu comme état à part entière. 

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Capture d’écran 2011-10-29 à 01.08.39 Dans cet essai, très romancé l'auteur Tahar Ben Jelloun apporte une vision beaucoup plus humaniste de ces révoltes. Il décrit pays par pays l'exaspération des peuples arabes, qui vivant dans des pays dotés d'une immense richesse, ne puissent en profiter pleinement comme si elle n'était réservé qu'à une élite au détriment du peuple. 

Selon lui, ces révoltes sont spontanées et improvisées ce qui leur confère leur statut historique. Il décrit avec émotion ce qui a conduit ce jeune tunisien Mohamed Bouazzi à cette acte tragique ; s'immoler devant le gouvernerat. Un acte aujourd'hui historique car il déclenchera ce vent de révoltes dans tout le monde arabe. 

Il met en avant également le rôle primordiale des réseaux sociaux dans ces révoltes, grace à ces nouveaux outils la censure a pu être contourner et ainsi appeler à la mobilisation globale. Néanmoins il relate la préparation qu'a nécessité ces manifestations en Egypte, ces militants du 6 avril 2008 dont Israa Abdel Fattah en est devenu une icône. Cette bloggeuse, cyberdissidente egyptienne a su à travers Facebook, mobiliser et convaincre les égyptiens à descendre dans les rues pour faire partir Moubarak. 

Il dénonce la complaisance des pays européens à l'égard de la Lybie pour des raisons purement économiques, il décrit les absurdités de Khadafi et tous les massacres qu'il a commis en toute impunité. Par le vent démocratique qui a soufflé sur la Tunisie puis l'Egypte le régime de Khadafi lui aussi finira par s'écrouler. Par contre, concernant l'Algérie c'est différent, même si Bouteflika est dirigé par l'armée qui contrôle le pays depuis 20ans, l'histoire algérienne est trop douloureuse pour vivre à nouveau des révoltes.

 

 

Ces deux visions du Printemps arabe, sont complémentaires en mon sens. L'une protocolaire, analyse de faits, réflexion, l'autre plus optimiste axée sur le potentiel humain. Il n'empêche que ces deux visions se rejoignent sur cette préparation anticipée qu'a nécessité ces révoltes.  Tahar Ben Jelloun croient en ce vent de liberté et fait confiance à cette jeunesse 2.0 pour assurer l'avenir démocratique de ces pays. Tariq Ramadan lui beaucoup plus concret et réaliste, sait que c'est aujourd'hui que tout se joue, comment ces sociétés vont se construire et surtout sous quelles influences ? 

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